Amoureux des montagnes et de ses sommets, d'où que vous soyez, si vous levez un peu le nez des sentiers vous remarquerez vite sa silhouette élancée en forme d'appendice sus nommé ou de bareta misgia sorte de bonnet phrygien porté jadis par les bergers du coin et plus récemment par une certaine Laetitia...
Bien que treizième sommet de l'Ile de Beauté avec ses 2525 mètres, elle n'en demeure pas moins la plus fascinante et convoitée. Son sourd appel, sirène irréelle, vous interpelle du plus loin, car la kalisté sait se faire remarquer depuis la plupart de ses courtisants, même de granite, pourvu que les cieux soient cléments.
Sachez qu'elle saura jouer de ses charmes et vous hanter l'esprit au plus profond de vos nuits, jusqu'au jour où vous rendrez les armes du coté des Cinque Frati, à la sortie de cet incertain et interminable ravin qu'est la Scala di Santa Régina, l'un des corridor les plus désolé du monde selon l'écrivain Hervé Bazin.
Remontez alors la RN 84 en direction du plus haut col routier de Corse, le Vergio avec ses 1464 m, jusqu'au Fer à cheval,
porte du bonheur...
C'est donc ici que débute l'aventure, pour une journée voir deux suivant vos envies et capacités, car vous avez la possibilité de passer la nuit au refuge avant d'atteindre les sommets...
Vous voici équipé, alors enfonçons nous dans la forêt de bouleaux et de pins laricco , l'arbre de la montagne Corse dont certains plusieurs fois centenaires vous saluent du plus haut.
Descendons en direction du Golu, plus long fleuve insulaire avec ses 75 Kms, pour rejoindre l'ancienne voie de transhumance reliant autrefois la region du Niolu à la vallée du fangu.
Cap à l'est pour atteindre le fameux GR 20, non sans avoir avant admiré la somptueuse cascade de Radule,
qui ici fait un bond vertigineux de près de 40 mètres,
dans des vasques d'un vert somptueux !
Pour piquer une tête, nous verrons tout à l'heure...arrivée à la croix de bois, vous pourrez déposer votre pierre afin de rendre hommage au berger qui jadis périt en ces lieux.
Un peu plus haut, je vous conseille de quitter provisoirement le GR pour à nouveau emprunter le sentier du Fangu jusqu'à Bocca Di Guagnerola ( 1833 m) afin de découvrir l'une des plus hautes falaises maritimes de france et sa sublime vue sur le golfe de Portu, Ggirolata, Scandola, Capu Rossu...où les flots, si proches et si sages semblent carresser délicatement le rivage.
Mais laissons cette image pour reprendre, via le nord la piste parallèle au GR, le rejoindre et entrer en territoire volcanique, où vous rencontrerez peut-être quelques mouflons près du Capu à e Ghjarghjole ou, peut-être, Jean et Faounat, sa docile jument.
Depuis un moment, vous les avez peut-être remarqué, géants religieusement dressés vers le firmament, majestueux et imposants face à face, se défiant dans un duel singulier d'amants de porphyre, pétrifiés pour l'éternité.
Voici la Belle et le Bête nos deux sommets.
Encore un effort et vous voila au refuge Ciottulu à i Mori ( trou des maures, 1991 m ), plus haut du Grand Chemin, construit en 1979 avec les pierres du site.
Si vous n'êtes pas encore maures , allez vers le col au nom de la tête emblématique de cette île. Avant celui ci, repèrer les cairns sur votre droite pour débuter une symphatique partie d'escalade sans difficultés infranchissables, mais avec toutefois quelques passages athlétiques voir délicats, pour qui est en froid avec les blocs et partie aériennes.
Mais attention, n'omettez pas de vous retourner discrètement durant votre ascencion.
Un oeil vous épie.
Parfois gris, parfois bleu voir nébuleux.
Serait-ce celui du malin ?
Ne vous laissez pas pour autant impressionner, attendez votre heure car un peu plus tard, petite poussière, dans l'oeil vous y serez.
Pour l'instant surprise, vous voici à l'antécime, car avant de toucher le Graal il vous faudra perdre un peu d'altitude dans la Combe des Chèvres .
Reculer pour mieux sauter et avaler le dernier pan, longue terrasse inclinée jusqu'au sommet de notre reine, digitale pourpre la Paglia Orba et ses 2525 m d'altitude.
De cet endroit, vous pourrez jouir d'un vue grandiose et ciculaire embrassant les massifs et la mer
Le retour au refuge peut se faire par le chemin inverse, mais je ne saurais trop conseiller à ceux en recherche de quelques sensations et aventure, depuis la Combe des Chèvres , de quitter notre itinéraire afin d'emprunter l'épaule de Faggiole ( 2302 m).
Laissez vous guider par les cairns jusqu'à cette cheminée qui est équipée d'une corde afin de vous donner la main dans sa descente.
A peine le temps de dévaller et faire sonner, au rythme de vos foulées, les éboulis sous vos pieds que voila à nouveau le refuge.
Le temps d'un café et de compléter les bidons à la source du golu et ça repart pour un tour.
A moins que vous ne soyez sujet au vertige, car entrer dans l'oeil du cyclope nécessite un bon pied et un coeur bien accroché tout comme vous allez l'être parfois en prise au rocher, suivant le passage que vous emprunterez...
Ames sensibles s'abstenir.
Sur votre gauche voilà donc le pied de la muraille qui semble infranchissable, suivez toujours les tumulus de pierres, aprés quelques vires à sensations où vous vous sentirez tout petit, bien qu'il reste encore invisible à vos yeux, vous approchez du but.
Si vous avez un peu de chance, comme ce fut le cas lors de ma première visite, vous pourrez le deviner grâce à quelques volutes de fumée s'en échappant.
Vous êtes alors tout près du trou béant.
A croire que le malin prépare un feu, d'enfer, pour célébrer votre venue !
mais n'ayez crainte, n'en faites rien, ce n'est pas le moment de renoncer.
Ne remettez pas votre courage à demain, vous le regretteriez, car bientôt vous jouerez le passe muraille...
du bord de la paupière, qu'elle sensation d'écrasement !
35m x 12 de haut ça ne laisse pas indifférent, tout comme le mystère géologique de sa création.
De plus 300m de surplomb, sûr ça donne bien quelques frissons.
Allez, à présent retournons au refuge si près, si petit tout en bas.
Il est temps de nous laisser glisser vers les Bergeries ruinées du vallon de Tula, histoire de varier les plaisirs et retrouver un peu plus bas nos marques rouges et blanches, accompagné du Golu et de ses piscines naturelles si limpides qui vous interpellent et vous invitent à un plogeon.
C'est certainement par ici que vous regarderez une ultime fois derrière vous, satisfait de votre périple sur cette paire volcanique, mais aussi un brin nostalgique de devoir quitter cette terre.
Alors, peut-être que, dans un ciel rougeoyant sous l'astre du couchant, comme en signe de ralliement, vous aurez droit au clin d'oeil du Géant...
Petit à petit, la végétation reprend ses droits à l'approche des Bergeries de Radule, auxquelles vous ne manquerez pas de rendre visite et peut-être rencontrer son berger, fort acceuillant, pour déguster un de ses délicieux brocciu.
Encore quelques foulées et la boucle sera bouclée.
Aprés un telle journée, que diriez vous d'un bon diner ? plutôt bien mérité non ?
pour cela, faites donc une halte à l'entrée de Calacuccia pour y déguster, entre autre, ses délicieux cannellonis au brocciu...
bon appétit
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